Trafik est un artiste né au début des années 80 à Strasbourg, ville européenne du Grand Est, à proximité de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Suisse. Dès sa jeunesse, il démontre des aptitudes aux arts plastiques, dessin, modelage, et sculpture, et choisit d’emprunter le chemin de la sensibilité et de l’expression personnelle.
Trafik est issu d’une famille d’artistes. Durant sa jeunesse, il côtoie le patrimoine artistique familial, avec les oeuvres en terre de son arrière grand-père, modeleur émérite ayant notamment illustré la grande guerre, ou encore avec son oncle Christophe Michot, sculpteur sur métal, qui orienta son référentiel imaginaire. Un autre grand-père, normand, a produit quelques pastels. Mais c’est sa mère, peintre, sculpteur et “touche à tout” qui, à travers son goût et sa sensibilité, a toujours été là pour l’encourager.
Durant son adolescence, Trafik évolue dans le milieu du skate, sans pour autant y trouver son équilibre. Il s’adonne effrontément au graff amateur, armé de Poscas, dans son lycée, ou sur le parvis de la fac de médecine, avec son posse. Ses pochoirs discrets sont placardés sans orgueil. Les heures de colle sont son quotidien, et les lignes d’écritures répétées le forcent à adopter un style de lettrage qui lui est propre. “5 lettres maximum”, telle est la consigne, pour pouvoir prendre la tangente rapidement… En 1996, il en choisira 6, “Trafik”.
Il ne cesse de travailler sur le thème de la ville, de ses murs et leur décrépitude dont la beauté, malgré les affres du temps, doit être révélée à tous. Il abandonne un temps les bombes de peinture et prend les pinceaux, négligés jusque là, et poursuit son travail pictural en peignant et repeignant sur des toiles faites à la main. Toutes les techniques y passent, et les visites de musées sont encore aujourd’hui autant d’occasion d’analyser et de décrypter les techniques des Maîtres.
Puis une maladie le coince au lit durant presque un an. Le drame d’une vie, mais la résilience finit par dépasser la tragédie. La vie est trop belle pour s’attarder sur le passé.
Après une période estudiantine joyeuse et l’obtention d’un master dans un discipline quelque peu ardue, ses contraintes professionnelles l’obligent à abandonner ses escapades artistiques pour une vie plus rangée. Le travail en atelier se poursuit. Il s’adonne notamment à la caricature politique, et travaille toujours sur l’illustration en parallèle. La ville est une course, une jungle, et la technique du pochoir reprend vite du terrain, en complément des pinceaux, et des marqueurs. Toute reste encore privé.
Puis c’est le déclic à Montpellier, ville où la liberté artistique est plus qu’ailleurs mise en avant. Il renoue avec ses origines dans le street art, et s’affranchit des barrières qu’il s’était imposées.
La jungle urbaine et sa personnification à travers les murs sont les thèmes de prédilection de Trafik. La nature, omniprésente dans son travail, s’affronte à la réalité industrielle et citadine, pour aboutir à une symbiose qui pose et repose, sur le plan visuel, les questions actuelles sur l’ambivalence de l’homme avec la nature, et le conflit de son développement avec celui de son environnement. Mais la question n’est pas tant de poser un contexte de réflexion, que d’aimer. Une oeuvre, quoiqu’on en dise, ne peut qu’être aimée ou détestée. Les entre-deux sont rares, et le coup de foudre visuel est une liberté individuelle qui ne supporte aucune contradiction.